En 2009, après 12 ans dans de grandes agences, Thomas Parouty fonde MIEUX : la 1ère agence au service des enjeux Développement Durable des marques. Il les accompagne sur la valorisation interne et externe de leur stratégie RSE et la communication de nouvelles offres plus responsables.“J’ai la conviction que les communications permettent aux entreprises de se transformer. Notamment la communication en interne.
Exposé à de nombreuses initiatives, aujourd’hui Thomas revient sur des actions performantes qui ont été mises en place par des collaborateurs et collaboratrices. À vous de vous en inspirer pour, à votre tour, embrayer le changement dans votre entreprise.
Les 8 étapes du changement : SAVALFER ! (= Ça va le faire 😉 )
- Sensibilisation
- Acculturation
- Visibilité des changemakers
- Atelier d’intelligence collective
- Liste des projets sélectionnés
- Financement
- Expérimentation
- Rentabilité
Introduction : Le constat
Aujourd’hui l’information est accessible. Les communications autour de la crise écologique sont de plus en plus nombreuses. Revenons rapidement sur la situation avant de plonger dans les actions 👇
Pour ça, Thomas vous propose de commencer par un quizz ! À vous :
- Depuis l’ère préindustrielle, la température de la planète a augmenté de :
- 0,5°C
- 0,8°C
- 1,1°C,
- 1,4°C
- Pour tendre vers la trajectoire de 1,5°C, nous « pouvons » émettre 750 gigatonnes de CO2 jusqu’en 2100. Au rythme de 2020, nous allons les atteindre dans :
- 7 ans,
- 16 ans,
- 35 ans,
- 80 ans.
- Une hausse des températures de 4°C a pour conséquences :
- Des villes comme NY, Miami, Tokyo, Nîmes englouties,
- Des famines avec la flambée des prix des denrées alimentaires,
- Des hivers polaires en France,
- 500 M de réfugiés climatiques en Europe,
- La fin des vins de Bordeaux et de la Vallée du Rhône.
Pour savoir si vous avez êtes incollable, rendez-vous à 12 minutes.
Alors, 3/3 ? 0/3 ?En tous les cas, si vous avez la volonté de passer à l’action, on poursuit.
Step One : Sensibilisation
L’essentiel c’est de s’éduquer. La formation est essentielle. Et c’est la base avant de porter une action. Une entreprise qui souhaite pousser la prise d’initiative auprès de ses collaborateurs·trices doit passer par de la sensibilisation. Cela contribue à aligner les mentalités et à embarquer dans les actions RSE. Comme toutes les politiques de changement !
Attention car cette exposition aux problématiques est essentielle mais elle doit être accompagnée de réponses, d’actions pratiques et accessibles. Sinon ces constats donnent naissance à de l’éco-anxieté, phénomène qui survient avec la prise de conscience.
Quelles techniques pour sensibiliser ?
A. Comment expliquer le climat, l’illustrer, le rendre intelligible ?
Parfois l’information peut nous sembler abstraite. Pour y remédier, vous pouvez réaliser un “crash test” qui montre les conséquences de cette crise sur l’entreprise, sur son business. Votre business survivrait à +3°C ? Survivrait-t-il a la flambée des prix des denrées alimentaires ?
Il y a forcément un impact du réchauffement qui touche votre business. En les démontrant de manière pragmatique et concrète, il devient difficile à ignorer.
B. Comment se former ?
Avec des fresques, il en existe une multitude :
- La Fresque du climat
- La fresque de l’économie circulaire
- La fresque de l’écologique du football
- La fresque du numérique
- La fresque de l’équité
- etc.
Exemples : EDF a formé environ 30% de ses salariés à la Fresque du climat. L’état compte former les DAC, Direction Administrative Centrale aux fresques du climat également (La formation de 25.000 cadres d'Etat à la transition écologique démarre, Les Echos).
Vous pouvez y participer vous-même, y inviter vos collègues, ou même l’organiser en interne.
💡 Il y en a pour tous les goûts ! À vous de trouver celle qui correspond à votre entreprise.
Proposer, provoquer, essayer le changement
A. Organiser des événements internes pour comprendre les enjeux de l’entreprise
Via des semaines / journées / petits-déjs du DD, généralistes ou thématisés (énergie, économie circulaire, solidarité, carbone) ou des activités collectives (World Clean Up Day, Mécénat de compétences).
Quelques exemples :
- Des cafés green : tous les premiers vendredis du mois on fait une conférence avec un speaker externe pour expliquer un concept ou des méthodes.
- Clean up day : tous les collaboratrices et collaborateurs se retrouvent dans un lieu pour le nettoyer.
- Cyber clean up day : une bonne alternative pour les entreprises en full remote. C’est un temps dédié pour supprimer tous vos emails dans les corbeilles, ce qui permet d’alléger un peu votre impact numérique personnel.
Ces actions permettent aux collaborateurs d’être sensibilisé aux actions RSE de l’entreprise car ils rencontrent les acteurs des associations, comprennent leurs enjeux, leurs difficultés.
Quel format est le plus impactant ?
La sensibilisation est un moment important, car elle permet de faire comprendre aux collaborateurs l’importance et la réalité du dérèglement climatique et de l’exclusion sociale. Donc cette étape est essentielle. Mais la suite est très importante, pour évider l’eco-anxiété et apporter des réponses à impact.
Step two : Acculturation
Les cours magistraux ne fonctionnent plus, pour se former il faut faire !
« Tu me dis, j’oublie.Tu m’enseignes, je me souviens.Tu m’impliques, j’apprends. »Benjamin Franklin
Plusieurs manières de faire :
- MOOC. Exemple : Axa Climate School ; cddd.fr
- Podcast. Exemple : Nexity a ajouté des podcast sur ces thématiques dans l’intranet de l’entreprise et a réussi a avoir environ 50% des salariés qui les consomment !
- Serious game. Exemple : civiTime : best case de gamification → chaque collaborateur est un personne qui va se promener dans un univers et on va lui poser des questions pour avancer dans le jeux. Résultat : 90% des joueurs ont envie de faire une autre partie !
- Formations crées par les salariés eux-mêmes. Exemple : les informaticiens ont développé un mooc pour les autres informaticiens sur l’impact du numérique de la Société Numérique et ça a pris et ils l’ont partagé à tous les collaborateurs et même en l’externe.
Step 3 : Visibilité des changemakers
Il suffit de 10% des collaborateurs investit pour changer toute une entreprise ! C’est le système d’exemplarité.
C’est ce que font plein d’entreprise en mettant en avant des employés engagés. Par exemple :
- Le groupe La Poste → programme de vidéos pour montrer les salariés qui prennent en main les sujets rse, que ce soit sur le business, sur la mobilité.
- Sézane → avec un documentaire “Derrière l’étiquette” pour expliquer les étapes de production, du sourcing matière jusqu’à la distribution.
- “Ma poubelle est un trésor” documentaire de Martin Meyssonier → qui présente les sujets d’économie circulaire. Par exemple un acteur qui recycle des avions en fin de vie en trottinette ! Original 🛴
- Auchan Agit → proposer aux magasins de mettre en avant les initiatives qu’ils souhaitent. Cela permet deux choses :
- Emulsion en interne car les équipes sont stimulées par les actions faites par les autres magasins
- Aide pour les clients pour choisir où ils vont faire leur course
Ces actions permettent d’avoir plus de visibilité en interne et entraîne une dynamique.
🙋 Comment engager les collaborateurs ?
C’est la responsabilité de la RSE qui définit les piliers, qui met en place les stratégies, et qui va avoir la visibilité sur les initiatives en cours pour pouvoir les remonter.
Step 4 : Ateliers d’intelligence collective
Le constat est simple : ensemble, nous sommes plus intelligents !
👾 Le jeu du chamallow
On donne à différentes équipes homogènes 1 chamallow, 7 spaghettis, et
Objectif : mettre le chamallow le plus haut possible.
Si les équipes sont divisées par métier/expertise : alors globalement toutes les équipes vont réussir à mettre le chamallow à 5cm de hauteur.
Si les équipes sont équilibrées entre expertises : alors elles vont réussir à augmenter la hauteur.
Conclusion : c’est la diversité des profils et des expertises qui fait la richesse des travaux de groupe. Et c’est ce qu’on essaie de faire avec les hackathon :
Exemples :
- Kiabi a organisé un hackathon pour travailler sur l’innovation. Une collaboratrice qui travaillait à la comptabilité souhaitait avoir une robe de mariée avec du papier ensemencé. Elle l’a utilisé le samedi et le dimanche elle a distribué des morceaux de papier à tous les invités qui ont pu repartir avec et le planter.
- Klaxit chez Veolia a mis en place du covoiturage pour les salariés. Lors de ces trajets, une personne de la R&D prenait la voiture avec un·e Responsable Marketing, et ensemble ils ont inventé une nouvelle solution qui a été lancée par Veolia par la suite.
Ces ateliers sont importants car ils vont faire émerger des solutions !
🙋 Et en incluant d’autres acteurs externes ?
C’est une très bonne idée. Par exemple décathlon a construit une communauté avec ses clients et beaucoup d’initiatives R&D proviennent de là.
La communication
Elle est essentielle sur ces 4 premières étapes et c’est là que la visibilité des projets et des acteurs est essentielle. La suite peut bien sûr être mise en avant aussi mais son rôle est à jouer de l’étape 1 à la 4.
Step 5 : Liste des solutions
Et donc des projets sélectionnés. ****
Comment les choisir ? Par vote pardi !
C’est un bon moyen d’engager à nouveau les collaborateurs, mais pas que :
- un jury d'experts internes et/ou externes,
- les collaborateurs
- les clients
Exemple :
- La Poste rassemble tous les projets et les clients + collaborateurs votent sur la plateforme.
🙋 C’est quoi la suite ?
Certaines entreprises proposent des programmes d'accompagnement pour ces intrapreneurs, parfois au sein d'incubateurs internes ou externes.
Exemples :
- Wojo, les espaces de coworking, est issu de l’intrapreunariat de Bouygues Immobilier.
Step 6 : Financement
Quelle solution pour financer ces initiatives ?
- L’entreprise décide d’investir
- Création d’une taxonomie interne (exemple de Gecina) → je taxe les produits qui ont un impact négatif et je m’en sers pour financer les produits vertueux.
- Les avantages :
- Les produits vertueux sont financés
- Cela incite les Chef·fes de Projets des produits qui ne sont pas vertueux à innover et à tendre vers des produits qui le sont plus.
La direction RSE fait le bilan carbone de chaque produit. Et la décision de taxe doit être prise par le département Financier.
Step 7 : Expérimentation
Il faut tester le produit, l’expérience avant de le généraliser. C’est le POC “Proof Of Concept”
Par exemple :
- Carrefour : il existe une technologie pour voir le genre des oeufs, et pour faire éclore les poussins femelles et vendre les oeufs Mâles les mettre dans les boîtes d’oeuf.
- Hopaal : les pêcheurs rapportent des filets qui sont recyclés pour faire des maillots de bain à partir d’un déchet qui aurait pu finir dans l’océan. C’était des petites séries initialement et aujourd’hui ça s’industrialise.
Step 8 : Rentabilité
Essentiel pour pouvoir faire durer un projet.
Les innovations écologiques apportent un bénéfice de réputation et d'image qui est difficilement mesurable.
Exemple de l’initiative de Biocoop : en 2017, ils ont cessé la vente d'eau en bouteille plastique.Ils ont perdu 3% d’anciens clients et ont gagné 15% de nouveaux clients !C’est contre intuitif de se dire qu’en arrêtant la vente d’un produit ils ont augmenté la clientèle de 12 points.
La réalité c’est qu’on n’achète pas un produit mais des valeurs et une marque, un discours d’entreprise.
En conclusion
Une stratégie RSE est très complexe, elle est multicritère, on n’a jamais de bonne réponse. C’est pourquoi il faut sans cesse tester et mesurer.
À votre tour ! Est-ce que vous avez la possibilité d’avoir de l’impact dans votre entreprise ? Si oui on veut les entendre : oriane@joinindigo.co
Et si vous souhaitez devenir un pilote de la transition climat, on vous donne les clés ici.