Indigo et People4Impact (Birdeo) ont initié une table-ronde sans langue de bois sur la CSRD. Le but ? Aborder sans langue de bois l'arrivée de la CSRD avec les retours d'expérience de deux consultants freelance.
Au programme : leurs stratégies, les pièges à éviter et les opportunités à saisir autour de la CSRD. L'équipe de People4Impact est également revenue sur les typologies de mission CSRD, les attentes des clients et les opportunités à saisir en matière d'accompagnement sur le sujet.
Découvrez vite le compte-rendu des échanges !
Les intervenants :
🌟 Emmanuelle Louvet – Forte de 20 ans d’expérience dans l’environnement, la sécurité industrielle et la RSE, elle dirige aujourd’hui Namma Consulting et accompagne des entreprises dans leur transition durable.
🌟 Dimitri Carbonnelle – Fondateur de Livosphere et auteur de "2050, Crash ou Renaissance ?", il est expert en décarbonation, adaptation climatique et économie circulaire.
🌟 Adeline Labelle – Directrice des opérations et Conseil RSE chez People4Impact, elle met son expertise au service de l’accompagnement des freelances en RSE et des entreprises dans leurs projets de transformation.
Comment avez-vous réussi à décrocher votre première mission CSRD ?
Emmanuelle : j’ai décroché ma première mission en tant que Responsable RSE, mais je me suis rendue compte en 2023 que la CSRD c’était maintenant. J’ai commencé à lancer la CSRD dans tous les sens, pas forcément de la bonne manière. Au début beaucoup en m’attachant à la double matérialité.
Dimitri : pour moi ce qui a joué, c’est le background que j’avais avant. Ça a été ma différenciation grâce à mon expertise et mon réseau. J’avais déjà bossé avec Babilou sur le projet RSE donc cela m’a donné un coup de pouce pour ensuite les aider sur la CSRD. De plus, j’avais bossé sur des sujets numériques donc j’étais déjà habitué à faire de la collecte de données.
Adeline : la première mission est toujours compliquée, mais en CSRD encore plus (pour le moment) ! Les clients ont du mal à comprendre qu’il n’y a pas des experts CSRD depuis 10 ans. Notre travail chez People4Impact, c’est aussi d’essayer de montrer qu’il y a des expériences passées qui vont aider, de mettre en avant les connaissances sectorielles des consultants qui va beaucoup aider l’entreprise et le suivi de formations comme la formation CSRD d’Indigo qui est beaucoup plus poussée qu’un MOOC et vous permet de travailler déjà sur des cas concrets.
Quels sont les freins pour décrocher des missions CSRD ?
Dimitri : quand on est solo, c’est difficile de trouver des missions. Les entreprises peuvent se demander si une seule personne est suffisante, si elle a toutes les compétences nécessaires pour répondre au besoin. C’est donc pas mal de faire partie d’un réseau avec des personnes qui ont d’autres expertises. Pour les ETI il y a une vraie opportunité pour les consultants CSRD, pour les plus grandes entreprises c’est plus compliqué
Emmanuelle : je passe beaucoup par People4impact et le premier filtre qui peut m’impacter c’est la séniorité ou le TJM. Sinon il peut y avoir une demande très spécifique sur un secteur ou une connaissance - par exemple une entreprise qui est spécialisée dans les RH voulait quelqu’un d’expert. Une fois j’ai été très loin dans le process et au moment de passer devant les achats j’ai été bloquée car il y avait un gel des. Mon conseil : ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ! J’aurais peut-être dû regarder aussi ailleurs car là je me suis retrouvée le bec dans l’eau. Enfin certaines entreprises ont besoin de “cheveux blancs” et c’est pour cela que c’est bien de s’associer parfois à des experts.
Adeline : En effet, le référencement fournisseur est très important pour les grands groupes donc c’est pas mal pour les consultants de s’adosser à des plateformes de référencement car tout seul c’est trop dur voir parfois impossible. Un exemple qui est arrivé 2 fois récemment : 2 ETI qui n’avaient pas de direction RSE, c’était donc le DAF qui s’en occupait et qui se disait que la mission CSRD allait se faire en 10 jours pour 10k€. People4impact a essayé d’expliquer que ça allait être un peu plus compliqué que ça mais les 2 entreprises ont répondu que finalement elles allaient passer par un alternant ! Il y a encore un problème de maturité des clients - mais ça va évoluer.
Comment réussir sa mission CSRD ?
Emmanuelle :
Le cadrage est crucial : le plus important c’est de cadrer la mission ! Il faut des interviews avec des parties prenantes et cela prend beaucoup de temps : d’attraper les bonnes personnes, de les interviewer et les formaliser. C’est important de déterminer qui fait quoi très vite et de s’assurer qu’il y ai un ownership des clients sur la partie planning.
Enfin, il faut prendre le temps de bien comprendre ce que fait son client et sa chaîne de valeur. Il faut aller assez loin sinon le risque c’est de passer à côté de choses.
Aussi, certains de mes collègues se sont confrontés à des auditeurs qui ont un regard exigeant et il est donc préférable de garder une trace de tout son travail et encore mieux, si c’est possible de l’embarquer dès le début et lui montrer sa méthode c’est encore mieux
Dimitri :
Il faut éviter les fausses promesses. Il vaut mieux être très clair sur ce qu’on va faire et si on voit que cela commence à dériver et qu’il y a des risques il vaut mieux communiquer très vite dessus. Lorsqu’on tombe sur une entreprise où il y a des dissensions entre RSE (vision com) et DAF (vision reporting) cela peut être compliqué car il peut y avoir des différences de manière de faire.
Attention également, au timing sur l’achat d’outil. Avant l’analyse de double matérialité ce n’est pas forcément nécessaire mais cela peut être intéressant de s’y intéresser quand même avant pour savoir comment on va collecter les données et permettre une traçabilité. En général la décision de prendre un outil c’est plutôt à la fin de l’analyse de double matérialité.
Adeline
Envisager et préparer le cadre : mapper le rôle de chacun et le niveau de maturité de l’entreprise.
Travailler son offre : il y a une forte concurrence : consultants, Big4, Commissaire au comptes… il ne faut pas sous dimensionner son offre et la surdimensionner non plus. Le mieux c’est peut être de développer des offres à tiroir. Cela peut aussi être intéressant aussi de proposer du coaching CSRD ! Mais attention aux offres en forfait que l’on ne conseille vraiment pas.
Questions
Comment fonctionne le coaching en CSRD ?
- Proposer une offre à tiroir et bien clarifier dans l’avenant ce que le client va devoir faire. Une autre manière de faire peut être de catégoriser les moments en soulignant ce qui doit être fait avant et après le coaching par le client.
- Conseil : si on fait du coaching, il vaut mieux se chronométrer pour ne pas dépasser du cadre.
Comment va le marché ?
- On attend les annonces du gouvernement mais depuis 6 mois les directions des ETI / entreprises sont très demandeuses !
- Le risque c’est que les entreprises demandent beaucoup (exigences très élevées) mais pour un faible budget. Il y a un enjeu de positionnement des consultants par rapport à ça, c’est pour cela que c’est très important de bien cadrer la mission.
Un conseil sur les réseaux où il faut se référencer ?
- Évidemment, il y a People4Impact et Birdeo : Les entreprises qui vont voir Birdeo et People4Impact sont déjà sensibilisées, les missions bien cadrées.
- Il y a aussi des plateformes généralistes : Malt, Hellowork… Moi j’étais aussi dans un cabinet qui s’appelle bteam… Le risque avec les plateformes généralistes c’est qu’ils font un minimum de curation et les missions sont moins cadrées.
Comment lutter contre les Big4 sur la CSRD?
- Les Big4 sont aussi des clients car ils ont besoin de consultants.
- Mais la différence c’est qu’avec un Big4, le consultant peut être un junior, ne pas être sur place et ne pas avoir d’expertise dans le secteur.
Quelle est la reco sur les outils pour la CSRD ?
- Les risques : Les outils peuvent coûter cher, il ne faut pas avoir besoin de changer un an plus tard et attention à la promesse que grâce à l’IA on va pouvoir collecter la donnée “finger in the nose” ! Autre écueil à éviter : ne pas multiplier les outils dans l’entreprise, il faut une convergence des outils ! Donc il vaut mieux en parler tôt et en parler avec les bonnes personnes dans l’entreprise.
- Attention de bien différencier le rôle de l’outil et le rôle du consultant ! Les consultants apportent du conseil sur l’outil mais l’un ne remplace pas l’autre.
- Il peut y avoir plusieurs options : un outil spécifique à la CSRD ou bien un add-on csrd. Mais ensuite la question c’est de récupérer les flux des autres systèmes de données.
- La reco : embarquer les autres équipes et connaître les outils déjà utilisés pour collecter la donnée
Quel est le conseil pour débuter comme consultant CSRD ?
- Ne pas y aller la fleur au fusil au tout début, c’est trop dur !
- Développer ses compétences évidemment en se formant.
- Développer son réseau : par exemple d’abord dans des réseaux de manière bénévole, et en se rapprocher de personnes qui ont déjà fait des missions
- Proposer des missions un peu moins chères que le marché (dans un premier temps, pour se lancer - il faut se réaligner après !)
- Intégrer un cabinet en tant que CDD/CDI ou intégrer un réseau qui cherche des personnes qui ont envie d’apprendre, quitte à faire des choses par forcément intéressantes au début
Quelle est la fourchette de prix d’une analyse de double matérialité et un accompagnement de bout en bout ?
- Impossible de répondre à cette question, car cela dépend de la taille de l’entreprise, du nombre de parties prenantes, de ce qui a déjà été fait, du reste à faire, des personnes en interne qui vont s’impliquer et produire…
- Un TJM (taux journalier) moyen : 900€. En dessous de 700€ ce n’est pas crédible. Pour un profil expert cela peut aller jusqu’à 1500€-2000€
- Pour une analyse de double matérialité d’une ETI dans une entreprise secteur industriel on peut dire qu’une trentaine de jours ce n’est pas délirant.
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Vous avez aimé cet article ? Ça tombe bien, on remet le couvert très bientôt - stay tuned et suivez les prochains événements d'Indigo !